Quand approche le grand départ

Note de JM Bonheur : ce texte a été écrit avant une opération médicale risquée

J'ai vu les jours passer si vite, sans pouvoir les retenir
Je me vois encore courir, joyeuse, un cartable à la main
Une petite chose candide qui riait de tout et de rien
Confiante dans ce monde que je voyais se construire
Je me souviens des mimosas parfumant mes chemins
Et qu'aujourd'hui encore embaument mes souvenirs

Je me souviens de ce paquebot qui a traversé l'océan
pour m'emmener dans une lointaine terre étrangère
Accueillie par une jolie dame inconnue... c'était ma mère
que je n'ai pas voulu embrasser, je l'avais oubliée, moi son enfant

Puis j'ai grandi, mais si peu de souvenirs
De nouveau un grand paquebot, une autre terre inconnue
Ce beau pays d'où je ne voulais plus repartir
Cette jolie langue, ses jolies chansons, combien je fus émue

Puis l'amour est venu, avec mon compagnon que de chemin parcouru
Des hauts et bien des bas, combien de bas avons nous vécus tous deux
enfants, pleurs, rires, blessures indélébiles, bonheur perdu
Tout est passé si vite et je n'ai pas pu retenir les moments heureux

Maintenant ils sont partis nos enfants, quelques uns très distants
Ils font leur vie, suivent leur destin, ils sont désormais différents
J'ai retrouvé mon amoureux comme lorsque nous n'étions que tous deux
Nous avons beaucoup donné, mais nous en avons reçu autant
Et nous avons marché ensemble encore un petit peu

C'était mon chemin, c'était ma destinée
Des cailloux retirés, des pierres ajoutées
Quelques jolies fleurs parsemées
Mais je suis maintenant fatiguée et j'ai hâte que ce soit terminé
j'ai fait ce que j'ai pu avec ce qu'il m'a été donné

Je laisse derrière moi les graines que j'ai semées dans cette vie
J'espère qu'elles vont bien pousser,
qu'elles vont s'épanouir et en semer d'autres encore plus jolies
Encore plus aimées...

Et maintenant je vais devoir m'en aller ...
J'ai eu le bonheur de les voir tous grandir
Puis de tristesse j'ai vu mon coeur se briser
Lorsque peu à peu ils ont fini par partir
Ne laissant que mes larmes pour me consoler

Mais je ne me souviendrai que de ces jours heureux
Où ils sont arrivés si fragiles, si graciles et tant aimés
Rien ne peut égaler ces moments merveilleux
C'est un bien cher bagage que je vais emporter

Nous avons vu percer la toute petite première dent,
Consolé les premiers pleurs, partagé le premier sourire
les premiers pas, les tous premiers mots " papa ...maman "
On les a vus cavaler, rire, jouer, nous aimer à n'en plus finir
ce sont les seuls souvenirs que je veux garder en m'en allant

Marie, 2008