Les gens rient de sujets différents

[...] En 2001, j’ai commencé à me demander s’il était effectivement possible de trouver la blague la plus drôle du monde. Le projet, je le savais, ne pourrait se faire sans une base scientifique solide, car certains des plus grands penseurs de la planète, dont Freud, Platon et Aristote, avaient tous longuement écrit sur l’humour. J’ai obtenu le feu vert de la BAAS, l’Association britannique pour l’avancement de la science, et j’ai pu lancer LaughLab, projet international sur Internet. L’idée était de mettre en place un site articulé en deux sections. Dans la première, les gens entreraient leur blague préférée. Dans la seconde, ils répondraient à quelques questions simples sur eux-mêmes (comme leur sexe, leur âge et leur nationalité), puis classeraient diverses plaisanteries prises au hasard dans le fond ainsi constitué. [...]

Quand nous avons bouclé notre projet, nous disposions de 40 000 blagues, classées par plus de 350 000 personnes venues de 70 pays différents. [...]

Pendant un an, nous avons cherché la blague la plus drôle. L’avons-nous vraiment trouvée ? En fait, je ne crois pas qu’une telle chose existe. Tout ce que nos recherches nous ont montré, c’est que les gens rient de sujets différents. Les femmes rient de plaisanteries qui mettent en avant la stupidité des hommes. Les personnes âgées rient de blagues sur la perte de mémoire et la mauvaise audition. Les humbles rient des puissants. Aucune blague ne fera esclaffer tout le monde. [...]

Richard Wiseman, Petit traité de bizarrologie, Édition Dunod