Elles rêvent de vrais préludes...

Les caresses des préliminaires sont l'un des meilleurs moments de l'amour à déguster. Les femmes déplorent que, trop souvent, les hommes les frustrent des préludes. Pour certains, aussi idiots qu'égoïstes, c'est du temps de perdu ; pour les bien élevés, c'est une politesse à concéder ; pour les traditionalistes, c'est une formalité à laquelle il faut se résigner ; pour les manoeuvriers, c'est une tactique pour aboutir à leur fin.

Ça devrait être l'heure des baisers et des caresses. Des baisers dont se délecteraient avec raffinement les bouches réunies; des baisers taquins ou tendres sur les joues, les paupières, les tempes, sur les bras, les mains, sur tout le corps. Des caresses excitantes ou apaisantes sur le visage, le torse, le dos, les membres, partout. Il faudrait pendant des heures voyager sur toute la surface de la peau, éveiller au passage les points sensibles, se concentrer sur certaines zones pour en tirer la quintessence. S'arrêter, se parler, rire, recommencer. Les zones génitales seront bien sûr concernées, mais il faut savoir suspendre leur stimulation, avant que ne survienne le désir irrépressible de réunir les sexes, ce qui abrégerait prématurément les jeux préliminaires.

Docteur Gérard Leleu, le traité des caresses, Édition J'ai lu