Le coeur de l'homme

Le pays dépend bien souvent du coeur de l'homme : il est minuscule si le coeur est petit, et immense si le coeur est grand.

Je n'ai jamais souffert de l'exiguïté de mon pays, sans pour autant prétendre que j'aie un grand coeur. Si on m'en donnait le pouvoir, c'est ici même, en Guadeloupe, que je choisirais de renaître, souffrir et mourir. Pourtant, mes ancêtres furent esclaves en cette île à volcans, à cyclones et moustiques, à mauvaise mentalité.

Mais je ne suis pas venue sur terre pour soupeser toute la tristesse du monde. À cela, je préfère rêver, encore et encore, debout au milieu de mon jardin, comme le font toutes les vieilles de mon âge, jusqu'à ce que la mort me prenne dans mon rêve, avec toute ma joie...

Simone Schwarz-Bart, Pluie et vent sur Télumée Miracle
Annales du brevet, Centres étrangers rattachés à Bordeaux, 1998